La dame de onze heures

Ce que l'on dit de la dame de onze heures...


           La dame de onze heures se découvre comme on entrebaille la porte d’un vieux buffet. Et c’est d’abord une effluve particulière qui nous arrête. Celle de l’image de communiant glissé entre les feuillets d’un livre, d’un brin de lavande déposé sur les draps de la chambre, d’un tablier de cuisine après le repas du dimanche. Ces effluves de la vie d’une maison, la dame de onze heures les incarne dans ses petites fabrications  personnelles.
Au gré de sa fantaisie elle coud et assemble à la main, dessine et récupère vieux fils et tissus qui l’inspirent. Ses créations en patchwork qu’on dit « fou » - car ils sont chatoyants et sans ordre - pourraient couvrir le sol du foyer d’une yourte, comme s’installer sur le lit d’une pièce fraîche aux volets clos. Ses reprises, qui patinent les objets du charme des heurts du temps, sont une marque de fabrique : la fabrique de tissus qui perdurent, même s’ils sont fanés. 
Mais c’est en silence qu’il convient à présent d’apprécier le pays de la dame de onze heures, en silence et sur la pointe des pieds, comme un enfant entrerait en cachette dans le vestibule d’une vieille demeure oubliée.



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